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Assécher les marais de l’ignorance

Assécher les marais de l’ignorance

août 2004

Une Culture Européenne : un objectif pour l’UE
par Dragan Klaic
Publié dans l’hébdomadaire hollandais "Vrij Nederland" (no 35, 28 août 2004)


Le texte reproduit ici est soumis à copyright et son téléchargement et utilisation est destiné uniquement à un usage privé.



- "Nous sommes-nous battus contre les Diktats de Moscou pour succomber à ceux de Bruxelles ?", se préoccupent les intellectuels hongrois.


- "Nous savions très bien comment défendre l’âme catholique de notre culture nationale contre le communisme laïc", disent quelques collègues polonais, "mais arriverons-nous à la sauver des bureaucrates de Bruxelles ?"


- "Comment allons nous pouvoir préserver notre petite culture nationale dans un marché culturel européen de 450 millions de consommateurs ?" se demandent en choeur des experts slovènes, estoniens, lithuaniens, lettons, tous issus de nations comptant chacune moins de deux millions d’habitants...

Et les Tchèques et les Slovaques, dont les domaines culturels sont desormais tout autant séparés que leurs états, deviennent nerveux lorsqu’il s’agit d’évoquer les perspectives de leurs cultures nationales, exactement comme peuvent l’être les Danois, les Suédois ou les Portuguais. A Barcelone comme à Cardiff, l’on préfère précher le gospel de la culture régionale, celui qui reflète l’identité ethnique particulière des Catalans ou des Gallois, et dans l’Italie du Nord, le mirage de la "Padanie" proposée par la Lega Nord veut réaliser sa séparation en associant, au niveau régional, une exemption fiscale à une entité culturelle, espérant ainsi éviter l’oeil de "Roma Ladrona", Rome la voleuse...

Culture nationale ou européenne ?

La Culture nationale, autrefois entendue autant comme fondement de l’état-nation que comme son plus bel ornement, est devenue une notion troublante. Les angoisses identitaires se nourissent de la globalisation, de l’intégration européenne et des phénomènes migratoires, transformant de solides états-nations en sociétés multi-culturelles traversées de tensions.
Mais si les cultures nationales doivent se fondre dans une sorte de culture européenne amorphe, quels seront alors sa nature, son profil, ses perspectives, comment préserveront-elles la vitalité et la diversité de leurs composantes ? Une image chimérique d’une "Euroculture" officielle, ultra-réglementée et uniforme, sans couleur et ennuyeuse, surgit régulièrement sur le continent, dans les nombreuses conférences et symposiums chaque semaine consacrés au sujet, au moment même où la plupart des européens s’inquiètent plus du chômage, de l’inflation, du crime et du terrorisme que "des valeurs et normes de la Culture Européenne".

Les hommes politiques évoquent la Culture Européenne dans des occasions plus solennelles, lorsqu’ils cherchent leurs mots pour dire quelque chose de positif au sujet de l’intégration européenne, mais en fait leur vrai intéret pour la Culture se réduit plus à la consolidation des positions de leurs industries culturelles nationales face aux assauts de la compétitivité américaine. Ils savent que le champs de bataille ultime sera les Négotiations des Accords Commerciaux Internationaux, et qu’à cet égard ils doivent impérativement, de concert avec les autres gouvernements européens, contenir la fougue liberaliste des USA, - à condition bien sûr de présenter un fort front uni et de préserver le seul élément européen commun, en ce qui concerne la Culture, qui ait été plausible et palpable depuis la Deuxième Guerre Mondiale : la Politique Culturelle en tant qu’élément de politique publique, et les subventions gouvernementales à la Culture, accordées au nom de l’innovation, de la diversité, dans l’espoir de faciliter la participation de tous les citoyens au fait culturel. En Europe de l’Ouest, l’affaiblissement de cette implication gouvernementale dans "l’investissement culturel" a suivi celui de l’état providence ; en Europe Centrale et Orientale, elle a été extrèmement réduite par le phénomène de transition de l’idéologie communiste à l’économie de marché.

La surprise concotée par Monsieur Bot à Berlin.

Aux derniers jours de la présidence hollandaise de l’Union Européenne, notre Ministre des Affaires Etrangères, Monsieur Ben Bot, donnant un discours à l’Université Humbolt de Berlin, a plaidé pour que l’UE réduise ses champs d’investissement de manière à mieux se concentrer sur les affaires courantes. Et l’un des champs dont il proposait que l’UE se dégage de la Culture. Les médias n’ont pas relevés les conséquences de cet argument, et se sont concentré sur sa conception de l’UE en tant que "fédération de l’action". Mais qui, mieux que la Culture, pourrait fédérer 25 états-membres, 450 millions de citoyens européens, de Galway à Przemysl, et de Utsjoki à La Valette ? La Culture ne les connecterait-elle pas mieux que le fait d’avoir dans leurs porte-monnaies les mêmes billets de banque, ou de partager leurs mêmes aspirations à la consommation ? Et qu’est-ce-qui pourra confirmer le sens de l’appartenance à l’Europe aux millions de personnes qui vivent juste au-delà des nouvelles frontières de l’Union Européenne, à Tirana, Uzhgorod, Belgrade, ou Moscou, si ce n’est la Culture ?

Les Moldaves, par exemple, sont aujourd’hui isolés et paupérisés par un gouverment d’un communisme anachronique, mais leur capitale, Chisinau, a été le berceau du théatre Yiddish, et a connu une effervescence de spectacles théatraux et de concerts symphoniques à l’orée du 20ème siècle, ce qui conduit à dire que cet héritage de cultures est la principale richesse européenne qu’ils possèdent encore. Et au titre de leur "européannité", les Georgiens, comme les Arméniens, revendiqueront la Culture en deuxième position, juste après leur foi Chrétienne.

Par conséquent, on se demande bien ce qui pousse le Ministre Bot à plaider pour un retrait de l’UE du champ culturel, surtout quand on mesure la modestie du programme culturel européen à l’aune de ses 34 petits millions d’euros par an, soit à peine 0,03% du budget de l’Union ?
Au contraire du pladoyer de Mr Bot, nous pensons que l’UE devrait faire fructifier la diversité culturelle en Europe en soutenant la coopération culturelle multilatérale, précisément si elle veut éviter les débordements identitaires de ses citoyens en répondant à leur sentiment d’insécurité, précisément si elle veut renforcer les ponts entre petits et grands états-membres, entre systèmes riches et pauvres.
Dans le cas contraire, les rancoeurs, jalousies et coups de bec continueront de miner l’Union, la laisseront s’enfoncer dans l’ignorance, les stéréotypes et les préjugés que jusqu’à présent les Européens se portent mutuellement. Qui pourra faire que les citoyens européens s’accordent une confiance mutuelle, si ce n’est une compréhension et une connaissance culturelles réciproques ? Un certain niveau de compétence interculturelle propre à favoriser des relations de bon voisinage avec un voisin immigré, le partage des mêmes aspirations que l’ami européen vivant à 2000 km - voilà ce qui mérite l’implication des responsables locaux comme celle de l’Union Européenne.

Compte tenu de l’élargissement de l’UE, désormais achevé, à dix nouveaux membres, on pourrait imaginer aisément, au contraire du repli proposé par Monsieur Bot, une expension culturelle : des Maisons de La Culture européennes s’ouvrant à Vilnius,, Bratislava et Tallinn, à la fois réaffirmant le caractère européen de leurs traditions culturelles et accélérant leur réintégration dans un espace culturel européen auquel elles ont clairement appartenu autrefois. Ceci pourrait contribuer à résorber l’immobilisme provoqué par des années de Guerre Froide et de monopole idéologique, et garantirait que la créativité locale pourrait bénéficier des bonnes pratiques européennes en matière de coopération culturelle internationale.

Diplomate depuis toujours, le Ministre Bot pourrait aussi considérer l’engagement de l’UE dans le champs culturel d’un point de vue extra-européen. A quoi ressemble la culture européenne vue d’Istanbul, du Caire ou de Moscou ?

Au-delà de la publicité et de la propagande...

En ce qui concerne la (les) culture(s) européenne(s), la plupart des habitants de ces villes ne peuvent probablement pas franchement dépasser une notion floue de "culture occidentale", notion préalablement inspirée d’un modèle américain, et diffusée par les industries culturelles, en particulier par les médias. Depuis la guerre d’Irak, une grande partie de l’anti-américanisme agressif développé dans les pays musulmans, et spécialement dans les pays arabes, se transforme en anti-occidentalisme, englobant l’Europe au bout du compte.

Si l’Union européenne veut empécher que l’idée de "clash de civilisation" développée par Huntington ne devienne une réalité, et si elle souhaite développer une politique commune dans les domaines internationaux et de sécurité, elle aurait tout intéret à faire de la culture un de ses outils privilégiés. Un dialogue patient, une large palette de collaborations et créations communes, et l’investissement dans le développement de la société civile donneront plus de résultats que les efforts déployés en vue d’imposer une industrie et un imperialisme culturels, une propagande dissimulée.

A l’époque de la Guerre Froide, l’Europe était nettement divisée par le Rideau de Fer, y compris dans le domaine culturel, avec des échanges culturels internationaux soigneusement orchestrés et controlés par les gouvernements nationaux. Les échanges culturels - comme on les appelait alors - étaient clairement entendus comme des instruments de politique étrangère, des signaux diplomatiques en quelque sorte, une sorte de "package" d’exportation de prestige national, particulièrement lorsqu’il s’agissait d’échanges Est-Ouest. Depuis 1989, la coopération culturelle internationale a sensiblement augmenté en Europe, mais pas tellement au-delà de ses frontières. La plupart des gouvernements européens conservent dans leurs ambassades un attaché culturel, et les plus riches d’entre eux possèdent de véritables réseaux de centres culturels dans des villes étrangères, rappelant ainsi que la culture au niveau international reste un sujet hautement politique, un instrument pour consolider l’influence politique nationale et son prestige, et de plus en plus souvent pour gagner des parts de marché au profit de ses propres industries culturelles.

Le British Council, le Goethe Institut, les centres culturels français et italiens, l’Institut Cervantes du gouvernement espagnol et d’autres réseaux similaires à l’étranger ont été à l’origine programmés pour la promotion de leurs propres cultures nationales, dans un monde marqué par les tensions de la Guerre Froide, par la compétition idéologique, par des processus de décolonisation parfois obscurs. Aujourd’hui toutes ces agences cherchent à ré-orienter leurs missions vers la coopération internationale, le dialogue, l’exploration interculturelle, et pourtant, dans les villes étrangères, leur concurrence reste une réalité. Leurs collaborateurs les plus avisés comprennent bien ce qu’ils pourraient gagner d’une collaboration mutuelle, et savent bien qu’ils accompliraient plus en mutualisant leurs modestes ressources et leurs budgets dramatiquement réduits, particulièrement en dehors de l’Europe, où le manque de partenaires locaux se fait souvent sentir. Mais de telles tentatives de collaboration entre machines culturelles nationales se heurtent vite aux différences d’éthiques, de procédures bureaucratiques, de hiérarchies institutionnelles, telles qu’elles sont édictées par leurs ministères respectifs en centrale.

Un diplomate occidental, retraité récent, ayant servi à Moscou au début des années 1990, m’a récemment confié qu’il avait tenté de sensibiliser ses collègues européens (à l’époque ils étaient douze) à regrouper leurs services culturels, tout en respectant leurs différences, fûssent-elles institutionnelles, budgétaires, ou évaluatives, mais en essayant de développer des éléments communs de programmation, augmentés d’une bibliothèque commune, le tout dans un même bâtiment. Il ne fut pas possible d’atteindre un tel accord, et l’opportunité qui se présentait alors d’acquérir un tel bâtiment dans le centre de Moscou pour une somme relativement avantageuse fut gaspillée.

Une proposition modeste :

Mais même si, par extraordinaire, le Président Poutine ou le Maire Luzhkov offrait gratuitement aujourd’hui un bel immeuble idéalement situé dans le centre de Moscou, cet effort fédérateur ne produirait probablement pas plus de résultats.
Pourtant, que pourrait-il se passer si l’UE choisissait la Culure en tant qu’outil stratégique et installait des Maisons des Cultures Européennes dans quelques villes-clefs extra-européennes ? Commençons par Moscou, Istanbul et le Caire en tant que métropoles majeures dans notre proche entourage...

Considérons Istanbul, par exemple. Quelque soit la décision de l’UE au plus haut niveau, acceptant ou rejetant la candidature turque en décembre prochain, la décision aura des conséquences culturelles décisives. En cas d’acceptation de la candidature turque, une maison des Cultures Européennes aura la mission d’accélérer l’intégration de la Turquie dans la zone européenne, pressant un inflexible système étatique turc d’institutions culturelles, et se mettant au service du renforcement du réseau culturel autonome mais fragile qui s’est déjà cristalisé à Istanbul ; ou, dans le cas du rejet par les instances dirigeantes de l’UE, cette Maison en réduira les conséquences culturelles néfastes, préviendra les barrières, soutiendra ces intellectuels et artistes turcs pro-européens, certainement déçus et laissés pour compte, faisant quotidiennement face à une forte pression domestique aux relents anti-européens, celle-là même qui ne manquerait pas de survenir en cas de vote négatif.

Prenons ensuite Le Caire, la capitale politique et culturelle du Monde Arabe. Comme dans bien d’autres pays arabes, et quelques soient les infrastructures culturelles existant ici ou là, elle oscille entre pauvreté et corruption, une censure et un régime répressif, défavorable aux changements, un militantisme religieux en expansion, le tout étant opposé à l’innovation artistique et à la libre parole. Au Caire, une Maison des Cultures d’Europe serait saluée comme une extension de la fragile société civile, qui manque précisément d’espaces pour la créativité, la réflexion, le débat, alors que l’on voit quotidiennement les réseaux culturels indépendants s’écrouler rapidement sous le harcèlement des autorités, pris au piège dans un filet de prescriptions légales impossibles à remplir, affaiblis par l’hostilité des voisins, les jalousies internes, et un épuisement extrème.

A Moscou, une Maison des Cultures Européennes pourrait combler le vide créé par le départ de l’Open Society de Georges Soros, une fondation indépendante qui, depuis la perestroika, dépensait habituellement jusqu’à 120 millions de dollars US par an en Russie, dont au moins 10% étaient affectés à la culture. Aucune fondation étrangère (en l’occurence américaine) encore active à ce jour dans Moscou n’inscrit dans ses lignes budgétaires le moindre chiffre approchant. A Moscou, une pratique culturelle innovante, critique, excitante arrive pourtant à survivre dans un Triangle des Bermudes marqué par de rigides et conservatrices institutions subventionnées par l’Etat, par des opérateurs commerciaux (parfois criminels) utilisant la culture comme un alibi, voire comme une couverture, et par des ONGs ultra-nationalistes et réactionnaires, très bien financées, et clairement anti-européennes.

Des opérateurs culturels plutôt que des diplomates.

Et maintenant quelques recommandations pratiques.
Animez ces Maisons non pas avec des diplomates empruntés aux ambassades ou des fonctionnaires européens, mais avec des opérateurs culturels ayant une expérience internationale concrète, sous contrat temporaire pour 2-3 ans. Nommez aux postes de direction ces professionnels qui ont fait leur réputation en gérant d’importantes maisons trans-disciplinaires (comme Kampnagel à Hambourg, KIT à Copenhague, ou La Villette à Paris), ou en dirigeants des festivals majeurs comme le LIFT à Londres, le Wienerfestwoche, ou encore le Kunstenfestival des Arts à Bruxelles, laissez-les constituer leurs équipes à partir des collègues avec lesquels ils ont eu à travailler par le passé, pour autant qu’ils viennent de différents pays et cultures, et qu’ils couvrent une palette satisfaisante de disciplines artistiques. Donnez-leur des salaires infèrieurs aux salaires des diplomates, mais garantissez-leur des budgets de fonctionnement décents (pris dans les budgets de l’Union Européenne destinés aux relations internationales, et non pas dans le minuscule programme culturel européen !) et laissez-les développer leurs propres idées et pratiques concernant les Cultures Européennes, compte tenu des circonstances locales, des besoins, des préjugés, des potentiels, des ressources du crû.

Appuyez ces opérateurs non pas sur leurs ministres de la Culture respectifs, mais sur les réseaux culturels européens qui ont donné par le passé un élan extraordinaire à la coopération culturelle internationale et ont expérimenté de nombreux modèles innovants et multi-latéraux. Autorisez des étudiants de bon niveau, issus des Universités européennes, à rejoindre ces maisons pour des stages de 2-4 mois. Amenez-y des intellectuels, des artistes, des ensembles, des équipes, des individus, non pas au service du prestige ou de la représentation, mais en vue d’explorer, de débattre, d’apprendre et de porter ensemble des projets interculturels.
Programmez des shémas qui dépasseraient le territoire de ces villes-capitales où sont installés ces maisons, dans une perspective inter-régionale. Soutenez tout cela par un généreux programme de résidence et de mobilité, à travers lequel les artistes locaux et les intellectuels pourraient effectuer divers voyages d’étude dans plusieurs pays de l’UE, et si, par exemple, ils sont invités pour une conférence à Barcelone, essayer de leur faire faire un atelier à Lisbonne ou assister à un séminaire à Lyon.

Entretenez et nourissez une vaste notion de la Culture, comportant une attitude critique en ce qui concerne la tradition et le patrimoine, mais tout autant polémique en ce qui concerne le potentiel manipulateur et flatteur des industries culturelles européennes. Appuyez-vous sur Internet pour la dissémination de l’information de manière à concentrer les contacts humains et la communication directe autour des opérateurs culturels.
Evaluez le tout chaque quatre ans, et cherchez à améliorer, corriger, amplifier chaque fois que cela est possible, puis ajoutez des maisons équivalents dans d’autres villes toujours plus lointaines des frontières de l’UE, par exemple Téhéran, Shangai, Johannesburg, Sao Paulo, Bombay, Lagos, Mexico, ...

Au lieu de débattre indéfiniment sur les théories et les définitions de la (des) culture (s) européenne(s), des différences et des convergences (débats qui, inévitablement, tournent à l’eurocentrisme, et ignorent, par leur manque de vison globale, les mutations culturelles du monde, sans parler de l’imperméabilité de leur pessimisme culturel réactionnaire), laissons donc la notion de cultures européennes, ou préférablement de cultures en Europe, se construire de l’extèrieur, comme si, de manière expérimentale, on provoquait une concentration de talents et ressources culturelles européennes dans quelques capitales étrangères emblématiques. Dans ces "cocottes-minutes" à pression urbaine, on pourrait aisément poursuivre l’expérimentation autour du lien entre culture et développement social, entre créativité et compétence inter-culturelle, et même entre arts et religion, contribuant ainsi à donner forme aux politiques étrangères et de sécurité de l’UE par le dialogue, la compréhension, le respect et l’apprentissage mutuel, beaucoup plus efficacement que par la menace ou la flatterie, toujours au service de la domination et de l’exploitation.

La deuxième chance de Ben Bot :

Au moment où j’écris ces lignes, Jan Figel, de Slovaquie, vient d’être nommé nouveau Commissaire Européen pour l’Education et la Culture. Ni lui, ni aucun des autres candidats pressentis n’a eu dans sa carrière d’expérience significative dans le domaine des politiques culturelles. Le fait que la présidence hollandaise de l’UE soit encore d’actualité offre encore au Ministre Bot la possibilité de reconsidérer sa déclaration de Berlin et d’influencer l’agenda de l’Union Européenne en reconnaissant la valeur de la culture dans ce "processus fédératif" qu’il a lui même évoqué, "processus fédératif" s’appuyant sur des plate-formes culturelles soigneusement choisies, autant en interne (dans les 25 états-membres) qu’au-delà des frontières.

Dragan KLAIC


Le Professeur Dragan KLAIC est un spécialiste du théatre et un essayiste. Il est membre permanent de la Fondation Felix Méritis à Amsterdam, et président du Forum Européen pour les Arts et le Patrimoine
(www.efah.org).

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