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Projet Global 2001

Projet Global 2001

janvier 2001


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Association Aide aux Musiques Innovatrices
Centre National de Développement pour les Musiques Actuelles

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Projet Global 2001

 

Préambule :

Dans la perspective d’un renouvellement de la convention la liant au Ministère de la Culture et de la Communication et à la Ville de Marseille, l’association A.M.I. redéploie et affine ses dispositifs d’aide à l’émergence artistique dans le domaine des musiques actuelles. Ses quinze années d’existence et d’expérience la confortent dans son positionnement relativement atypique dans ce champ artistique. Même si elle se positionne nettement du côté de l’émergence artistique, elle se sent directement interpellée par la diffusion, le disque, la communication, en somme l’ensemble de ce qui touche les musiques actuelles, y inclus certaines autres disciplines artistiques.

Elle réaffirme ses deux grands questionnements :
- Qui a la possibilité et le droit de créer sa propre "signature", y compris artistique, et avec quels outils ?
- Qui a la possibilité et le droit de communiquer cette "signature" au reste du monde, et avec quels outils ?

Elle n’a pas la prétention de répondre définitivement à ces deux questions. Elle souhaite à tout le moins en explorer les méandres les plus cachés, de manière à en rendre compte le plus précisément possible à ses commanditaires, au nombre desquels les citoyens.

Sans lister ici l’ensemble des problématiques concernées, il lui semble opportun de souligner les dialectiques "périphérie/centre" (aménagement du territoire et réseaux), "formation/création" (modèles et esthétiques), et "amateur/professionnel" (éminemment socio-économique).

Le contexte actuel, politique ou économique, lui semble renforcer l’urgence de ce positionnement. L’association A.M.I. souhaite vivement participer à l’élaboration d’un vrai projet (national et local) pour les musiques actuelles, qui concernent, faut-il le rappeler, la grande majorité des citoyens jeunes. Au-delà d’une opposition de blocs (public/privé), elle contribue autant que faire se peut au respect et à l’accélération des trajets d’artistes dans un monde en voie de globalisation.

Sa position forte et ancienne dans le périmètre de la Friche la Belle-de-Mai donne tout son sens à sa modeste implication dans le développement de la ville. Elle espère donc pouvoir continuer à jouer, à son niveau, un rôle signifiant et fédérateur dans le mouvement bouillonnant et plein d’espoirs des musiques actuelles à Marseille.

-Dispositif :

Il est tout entier au service de l’émergence, et combine des phases de repérage, de transmission de connaissance, de diffusion, de conseil.

Clairement inscrit à la Convention d’Objectifs adjointe à la Convention Ville/Etat/A.M.I., cette notion de développement implique pour 2001 la création d’un poste de responsable pédagogique, dont le rôle, outre celui de contrôle et optimisation des ateliers, sera aussi celui de mise en synergie et d’anticipation, que ce soit entre les différents types d’ateliers (par exemple atelier sample et atelier d’écriture, mais aussi ateliers permanents, ateliers itinérants et ateliers internationaux), ou entre les ateliers et d’autres opérations menées par l’A.M.I. et/ou ses partenaires.

 

1) Les studios de répétition :

Leur nombre devrait augmenter, à la faveur de la relocalisation de Système Friche Théâtre (début 2001). Outre les trois studios habituels (qu’il conviendra de rénover un tant soit peu, compte tenu de leur utilisation intensive), nous espérons pouvoir ouvrir enfin un studio de répétition de grande capacité (au moins 120 mètres carrés), de manière à répondre à la demande importante de grands ensembles (15 musiciens et plus), manquant cruellement de lieux de répétition appropriés. Ce studio particulier pourrait aussi être modulable, et servir pour des répétitions en situation de scène. Couplé avec l’éventuel potentiel d’hébergement de la Friche, il pourrait ouvrir de nouvelles possibilités (locales, nationales, internationales) de service offert à prix coûtant à des artistes professionnels

L’utilisation de ces studios reste inchangée. Ils sont mis à disposition sur projet (préparation de tournée, d’enregistrement, période d’écriture, etc...) pour des temps relativement courts (de une à six semaines). Nous souhaitons introduire une demande de subvention d’équipement de manière à équiper un ou deux d’entre eux avec un matériel de musique de base.

Il semble opportun de souligner ici qu’au-delà de la fonction de service que rendent ces studios, ils sont aussi le lieu de "la première prise de contact", du repérage, et qu’ils alimentent la plupart du temps les autres activités mises en place par l’A.M.I.

Enfin, en fonction des disponibilités d’espace, nous ouvrirons, en partenariat avec un studio marseillais, un studio d’enregistrement de qualité professionnelle, plutôt orienté vers l’élaboration de maquettes ou de supports instrumentaux.

Création du studio de grande capacité.
Création du studio d’enregistrement, en partenariat avec un studio marseillais.

- 2) Les ateliers de pratique artistique :

Au nombre de six, les ateliers de pratique artistique concernent essentiellement le monde du Hip-Hop (sample, scratch, écriture, mode urbaine), les musiques électroniques, et la musique flamenca.

Nous confirmons notre intention de confier la responsabilité de ces ateliers à des musiciens-intervenants en cours de carrière, car l’aspect pédagogique de ces ateliers ne se résume pas seulement à une transmission technique mais aussi à un devoir d’histoire (de culture), singulièrement oublié dans le champ des musiques populaires. Qui, mieux qu’un musicien du hip-hop, peut transmettre l’histoire des origines de ce mouvement à un jeune pratiquant, connaissance essentielle pour une future autonomie ?

En général, chaque atelier est pris en charge par deux musiciens-intervenants, un "titulaire" à poste fixe, et un remplaçant.

Ces ateliers couvrent trois types de territoires :

a) Les ateliers permanents de la Friche :
Constitués en général de trois séances (de trois heures) par semaine, ils s’adressent à deux niveaux de participants, "initiation" et "perfectionnement". Selon les instruments concernés, ils peuvent réunir de deux à huit participants par session.

b) les ateliers itinérants :
Essentiellement proposés en Région PACA mais aussi au niveau national (par ex. Guyane en 2000 pour atelier scratch et écriture), ces prestations payantes s’adressent à tout type de structure (autres associations, centres sociaux, écoles de musique, collèges, etc...). Elles s’ajoutent aux ateliers permanents.

c) les ateliers croisés internationaux :
Nous en reparlerons dans le volet international de ce projet 2001.

Création d’un poste de responsable pédagogique, consolidation des ateliers, extension de l’atelier mode urbaine, équipement des ateliers.

 

3) Les résidences :

Soit résidence de création, soit orientée autour de la transmission de connaissance, le principe de résidence est d’inviter un (ou plusieurs) artiste extérieur à travailler intensément à la Friche sur une période relativement courte. Ces opérations ne nous semblent prendre tout leur sens que si elles s’articulent avec d’autres activités de l’A.M.I. (formation ou diffusion).

En 2001, nous prévoyons une résidence de création co-produite avec le GRIM autour du batteur marseillais Ahmed Compaoré, avec Fred Frith et Jamaladeen Tacuma, pour une création mondiale au Festival MIMI 2001.

Une autre résidence verra le prolongement de la résidence 2000 "ElectroFriche", autour des participants de ’atelier sample, pour une création publique à la Friche, et éventuellement l’édition d’un Cd.

-4) La diffusion :

A l’AMI, la diffusion ne peut s’entendre que comme prolongement d’actions antérieures, ou préfiguration d’actions futures. Par conséquent, elle se soumet beaucoup moins aux contraintes du marché, au traitement habituel des "objets finis" (disque ou spectacle), chaque "objet" étant conçu, au-delà de l’acte de création pur, comme un moment de communication, comme une naissance d’histoire, voire comme un moment pédagogique.

La conséquence de ce positionnement est bien évidemment un autre regard sur la notion de public. Nous ne pouvons la réduire à de simples considérations quantitatives ou financières. Pour l’A.M.I., le "public" est plus considéré comme un compagnon de route, et comme le vivier de la création potentielle, puisque beaucoup de ses membres sont aussi des pratiquants. L’effet principal de la diffusion est pour nous son aspect stimulateur, incitateur. L’"objet fini" doit susciter des envies, des passages à l’acte.

Aujourd’hui, l’AMI poursuit ses trois principaux axes de diffusion :

a) Les concerts de voyage :
De petite forme, les concerts de voyage (un par mois environ) présentent au bar de la Friche, des artistes en tournée, souvent peu médiatisés, porteurs pour la plupart de "signatures" véritablement originales. Ces concerts, souvent programmés à des heures et jours inhabituels dans la profession (mardi à 19 heures), ont réussi en 1999 et 2000 à créer un véritable public, souvent jeune, très hétéroclite, et fidèle.
Nous considérons que cette expérience est fondamentale pour la dynamique générale de l’A.M.I.

Programmation de dix concerts de voyage en 2001.

b) Les "festivals" :
L’appellation est mise entre parenthèses car effectivement les "festivals" de l’A.M.I. (MIMI, Logique Hip-Hop) se veulent autre chose que des festivals purs et simples.

- Le Festival MIMI, dédié à la présentation au public d’artistes originaux peu diffusés, issus de tous les genres musicaux, et propres à "susciter des vocations", verra en 2001 sa seizième édition. Malgré sa taille modeste, MIMI est devenu au fil des ans une référence internationale, et le point de rencontre d’un public "d’afficionados" et de nombreux professionnels. Il persistera bien entendu dans sa philosophie de programmation, mais devrait changer de site, modifiant par conséquent certains de ses paramètres (voir annexe Festival MIMI).

Restructuration et déménagement du Festival. Redéploiement de sa communication.

- Le Festival Logique Hip-Hop, première manifestation du genre dans la région marseillaise, verra en mars 2001 sa sixième édition. Compte tenu de l’émulation salutaire qu’il a créé (plusieurs nouveaux festivals hip-hop à Marseille), nous souhaitons réaffirmer sa place atypique dans le paysage du hip-hop, et l’appuyer encore plus sur le dispositif permanent mis en place par l’AMI. Plutôt qu’un festival, Logique Hip-Hop se voudra une fête finale de résidences, une présentation d’un travail en cours.

Mise en place de trois résidences (musique, danse, mode urbaine) préparant le Festival.

c) Le point de diffusion discographique et le label Stupeur et Trompette :
Appliquant une logique transversale et intégrée, l’A.M.I. ne peut rester indifférente au monde de l’édition discographique. Pourtant, fidèle à ses principes, elle ne peut résumer l’activité de son label de disques à une pure activité de production d’objets finis, et ne peut la concevoir que dans un trajet d’artiste. Elle s’attachera donc à examiner et mettre en pratique la notion "d’entreprise culturelle inscrite dans un développement local".

Ses choix esthétiques, au-delà du principe d’innovation, privilégieront des artistes déjà partenaires de l’A.M.I. dans l’une ou l’autre de ses activités.

Elle souhaite amplifier le rôle de son point de diffusion en ce qui concerne la communication, en poursuivant et en intensifiant le cycle de "mini-performances" mis en place les années précédentes. Ces mini-performances ont démontré leur efficacité à créer un lien entre le centre-ville et la Friche.

Elles agissent comme un effet d’annonce, un résonnateur, pour le travail qui se fait à la Belle-de-Mai. Par ailleurs, elle intensifie ses contacts avec les médiathèques et les comités d’entreprise de la ville.

Prévision de deux productions discographiques et recherche d’un local plus vaste en centre-ville.

 

5) Les actions internationales :

Pour l’essentiel, elles sont en fait un prolongement des ateliers menés à l’année à Marseille ou en région. Certaines préfigurations visent plus la création dans un premier temps (MultipPoésie, Mer de Barentz), mais elles intègreront de toute façon d’importants développements "transmission de connaissance" et "mise en réseau".

Elles reposent sur un échange de longue durée autour des pratiques musicales, des différences culturelles, des spécificités locales. Elles intègrent autant que faire se peut des "ateliers-management".

Leur objectif est de deux ordres :
a) faciliter l’émergence de nouvelles esthétiques, issues d’expériences musicales croisées.
b) anticiper d’autres développements "post-atelier", notamment des naissances d’associations ou d’entreprises locales, et leur mise en réseau.

L’esprit en est simple. Il s’agit de réinventer un autre type de coopération internationale, plus paritaire, plus durable, plus proche des musiciens de terrain, et non pas de se contenter de quelques échanges de "produits finis" pouvant finalement conduire à une exploitation à courte vue de ressources culturelles. L’enjeu est de taille car, à terme, la multiplication de ce type d’actions peut favoriser l’émergence d’un "autre marché", plus éthique, plus digne.

Poursuite des ateliers croisés Afriquipop (Abidjan/Dakar), PACJAP (Marseille/Tokyo) ; nouvelles activités Enregistrement Marseille/Marrakech, ORMUZ (Méditerranée Orientale) ;missions de préfiguration MultiPoésie, Miminor.
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Conclusions :

Le projet global 2001 de l’A.M.I. se veut en conformité avec la Charte d’Objectifs qu’elle s’est donnée dans le cadre de la Convention qui la lie à l’Etat et à la Ville de Marseille.

Il s’agit bien de tenter, avec le Centre National de Développement pour les Musiques Actuelles, une nouvelle approche du secteur, non pas concurrente des programmes déjà existants, mais complémentaire, y compris du marché privé.

Les notions d’innovation artistique, d’émergence, de trajet, de développement local, de transversalité, y côtoient sans cesse les impératifs de démocratisation culturelle, de service public.

Les prévisions budgétaires qui correspondent à ce projet restent en progression modeste, mais devraient lui permettre de rester digne de l’appellation "Centre National". A cet égard, les financements d’équipement nous semblent mériter une attention toute particulière.

L’A.M.I. reste particulièrement consciente de l’impact extérieur de ses expériences sur d’autres équipes en France, et souhaite les partager le plus largement possible.