Nenia Ira

(c) Jean Kader

Une voix puissante vous invite à un rituel cathartique reliant mondes anciens et nouveaux

Les cordes basses du violoncelle se mêlent aux timbres d’instruments traditionnels, les vibrations deviennent spectres, amplifiées par des effets électroniques

Sur ce bourdon riche et rythmé, une voix envoûtante nous clame en français les éternelles histoires du monde d’aujourd’hui.

Si ce n’est certes pas la première adepte du nomadisme musical à se servir de ces instruments antiques et à les inscrire dans une démarche évolutive en les décontextualisant, Aurélia Nardini les utilise dans Nenĭa Iră pour sculpter et mettre en relief un propos artistique nimbé d’une poésie à fleur de peau dans laquelle les émotions et tourments intérieurs d’un personnage sont scrutés et exhumés dans un environnement sonore onirique dominé par des « bourdonnements intérieurs » et dévoilant des résonances multiculturelles.

Sa voix y est déployée tant dans un rôle narratif que dans une fonction purement vocale, utilisant la voix comme matière propre par dédoublement, voire superposition chorale. Ici et là, des effets sont appliqués à la voix, des sons électroniques balisent le chemin mais en évitant de le formater en autoroute du « prêt-à-écouter », car c’est bien sur des sentiers buissonniers que Nenĭa Iră s’épanouit de préférence, et les présences-pivots de la shruti box et du toun-toun révèlent des résonances culturelles qui se projettent de l’Occitanie à la Bretagne, ou de l’Europe du Nord au sous-continent indien.